Qoutbaniya El Oudhma :Accession au rang suprême de Sceau de la Sainteté

Ainsi, depuis sa rencontre avec le Messager d’Allah (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) à Boussemghoune, il ne cessa de suivre ses enseignements et son éducation tout au long de ces années, et au fur et à mesure des évènements, jusqu’au jour tant annoncé et tant prédit au cours de sa vie où il fut hissé au rang suprême de la Qoutbaniya el ‘Oudhma au mois de Mouharam de l’année 1214H.

Sidi Hajj &’Ali Harazim (qu’Allah l’agrée), présent à ses côtés lors de ce prodigieux évènement, en relata une brève description dans un écrit. Il a dit (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Après la mention du Nom d’Allah, la prière sur le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et la louange. Ensuite, parmi les faits dont j’ai été témoin en compagnie de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) la nuit du Dimanche 12 Mouharam en l’année 1214 H à environ une heure trente après la moitié de la nuit, fut l’élévation de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) à la station de la Grande Khilafa. Cela eut lieu au mont ‘Arafat (près de la Mecque) peu avant l’aube. Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) me prit par la main et nous fîmes quelques pas courts (prodige du pas) et nous nous retrouvâmes alors sur le mont &’Arafat. Il ne s’y trouvait personne d’autre avec Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) en dehors de son Khalife (c’est-à-dire lui-même). C’est alors qu’une lumière verte descendit du Vrai, semblable à une lampe immense, jusqu’à ce qu’une sorte de Chéchia verte fût déposée sur sa tête. Il la porte désormais sur lui et c’est le signe qu’il fut hissé à une station qui lui est particulière ». Ensuite, ils quittèrent le mont &’Arafat pour retourner à leur précédent lieu en un laps de temps tout aussi court.

Une des caractéristiques de cette station est le don au Pôle du Nom Suprême Absolu d’Allah, qui est le Nom spécifique de l’Essence Divine, et cela le protège contre le dépouillement tant redouté par les Connaissants et les Aouliya.

Avant cette consécration, en dépit de son parcours digne des plus grands héritiers du bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et malgré les bonnes annonces de la part des plus grands Connaissants ou maîtres, il s’affligeait, car il ne se sentait pas à la hauteur de ses aspirations. Il disait (qu’Allah l’agrée) : « J’ai gâché ma vie sans tirer de profit ». Quand il relata ce fait à son fidèle compagnon Sidi Mohamed ibn Mechri (qu’Allah l’agrée), ce dernier lui dit : « Comment pouvais-tu t’affliger alors que dès tes débuts tu as reçu l’affirmation que tu atteindrais la Qoutbaniya el ‘Oudhma ? » Il lui répondit (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « C’est vrai, mais je ne voyais rien en moi qui me rassure jusqu’à ce que je reçoive le Nom Suprême Absolu » Sidi Mohamed ibn Mechri (qu’Allah l’agrée) lui demanda : « Est-ce celui que tu as reçu d’untel ou d’un tout autre ? » Il dit (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Non, il s’agit de celui que m’a donné le maître de l’existence (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) tout en m’informant sur son immense valeur »

Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a expliqué que le Pôle est le représentant Suprême d’Allah le Très Haut, son délégué absolu envers la totalité de la création dans son ensemble comme dans son détail, en chaque particule la plus infime, et qu’il est chargé de l’exécution du décret du Vrai, en totale servitude intérieure et extérieure.

C’est bien par lui que chacun de Ses serviteurs peut glorifier Allah, L’adorer et se prosterner devant Lui et c’est aussi grâce à lui enfin qu’a eu lieu l’autre orientation tenue secrète. En somme, le Pôle est pour toutes les créatures ce qu’est l’âme pour le corps. Il tient en fait cette force de sa prise en charge du secret du Nom Suprême ainsi que du flux de ce Nom dans tout l’univers. C’est par ce secret qu’il a eu audience à la Haute Instance Divine, pleinement respectueux de ce qu’il Lui doit et s’acquittant complètement, et à tout instant, de tous les droits inhérents aux manifestations Sublimes des Noms, Attributs, et Essence d’Allah. Il est celui auquel Allah S’est manifesté par Sa Réalité, du fait qu’il est le voile entre la Réalité Divine et l’ensemble de la création, par la délégation de la « Réalité Mohammadienne ». Allah l’irrigue de la science de la Préexistence et celle de la Prééternité sans fin, et il est le dépositaire de la Loi Divine (Chari’a) en chaque époque.

De ce fait, nul voile ne pourrait jamais s’interposer entre lui et le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Partout où le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) se déplace dans le monde visible, cette vision de lui n’est nullement cachée au Pôle des Pôles et elle est parfaitement stable.

Cette station du Pôle Suprême, qui est unique à chaque époque, a des degrés et tous ceux qui l’ont atteint ne sont pas équivalents. Le plus haut niveau étant le sceau des degrés (Khatm al Maqamat) qu’Allah octroie uniquement à celui qu’Il a choisi parmi les Pôles Mohammadien. Plusieurs Pôles Suprêmes ont atteint le sceau des degrés de la Qotbaniya Suprême à leur époque et pour leur époque, mais uniquement un seul d’entre eux a atteint ce degré pour toutes les époques et il s’agit du Grand Sceau de la Sainteté Mohammadienne. Le lieu où devait apparaître le détenteur de cette station unique ne devait être qu’à Fès, car c’est dans cette ville bénie que se trouvait les effluves continus de son essence et que Cheikh Ibn &’Arabi el Hatimi (qu’Allah l’agrée) a pressenti et rencontré. Il a déclaré notamment (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Quant au Sceau de la Sainteté Mohammadienne, il appartient à un homme de l’occident, d’origine noble. Il est présent à notre époque et je l’ai rencontré à Fès en l’an 595 (de l’Hégire). J’ai constaté que le signe qui le caractérisait fut voilé par Allah à ses serviteurs ». Cheikh Ibn &’Arabi (qu’Allah l’agrée) a écrit à la suite de cela un livre sur les caractéristiques exceptionnelles du Sceau de la Sainteté Mohammadienne se nommant « &’Anqaou Maghreb fi khatmi Aouliya wa Chams el Maghreb » en précisant sa Kouniyaqui est Abou-l-&’Abbas. Or cette Kouniya est utilisée par les écrivains et poètes arabes pour faire précéder le nom « Ahmed ». Il expliqua aussi que ce dernier sera éprouvé par le grand nombre de ses détracteurs tout comme le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) fut éprouvé par les hypocrites. Assurément, c’est dans cette ville que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a atteint deux stations uniques dans la hiérarchie spirituelle des saints, celle de la Khatmiya (Le Sceau des saints : il clôture pour toujours les degrés de sainteté) et celle de la Katmiya atteinte le dix-huit du mois de Safar de la même année. Il est l’intermédiaire spirituel entre les prophètes et l’ensemble des Aouliya.

Voici un résumé explicatif de Sidi &’Arbi ibn Sa-ih, qui fut l’un des grands savants et célèbre Connaissant de la Tariqa Tidjaniya. Il a dit (qu’Allah l’agrée) :

« Pour ce qui est de la Khatmiya : il s’agit d’une station qui surpasse toutes les stations de la sainteté et qui n’est devancée par aucune station de sainteté au-dessus d’elle. Le détenteur de cette station est l’irrigateur de l’ensemble des Saints (Aouliya) et chacun d’entre eux ne puise que de son océan et ne tire les lumières que de sa niche. Il est donc celui qui irrigue l’ensemble des saints, c’est-à-dire avant même que son existence relative ne soit extraite de son existence (réelle) ainsi qu’après, tout comme l’ensemble des prophètes sont irrigués par le maître de l’existence (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) bien que leurs existences relatives aient précédé son existence (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). C’est par le fait que l’irrigation provient de sa réalité comme il en a fait allusion dans sa parole (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) : « J’étais déjà prophète alors qu’Adam ne se trouvait qu’entre l’état d’eau et d’argile. » C’est-à-dire qu’il était déjà un prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) agissant dans le monde des esprits, au courant de sa mission prophétique.

Ainsi, les esprits des prophètes étaient irrigués dans ce monde-là à partir de sa Réalité Ahmadienne, parfaite et sanctifiée, alors qu’eux-mêmes n’étaient pas conscients de leur prophétie et ne pouvaient agir. Il était certes déjà Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) dans la Science d’Allah. Il en est de même pour cet héritier Mohammadien à l’héritage parfait (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Il était déjà un wali agissant dans le monde des esprits et conscient de sa station de sainteté tandis que les autres wali ne furent conscients de leur sainteté qu’après l’avoir atteint dans le monde sensible puis après avoir été revêtus de leurs corps ainsi que de leur existence relative désormais caractérisée à travers lui.

Concernant la Katmiya, cela signifie que son détenteur possède une Réalité cachée, caractérisée par ce qui constitue le summum des qualités de la sainteté. Cette réalité-là n’est connue de personne d’autre qu’Allah, son Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et par son détenteur qui lui-même en fut informé par le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Seïdina rapporte en effet (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Il m’a dit (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) que j’étais le Pôle Caché, et ce, directement de lui à moi à l’état de veille et non en songe ». On demanda à Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Que veut dire le Pôle Caché ? » Il répondit (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « C’est celui qu’Allah a caché à l’ensemble de Ses créatures jusqu’aux anges et aux prophètes sauf au maître de l’existence (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), qui le connaît ainsi que sa situation ». Par la suite, il affirma que c’est lui-même qui détient l’ensemble de ce qui est obtenu par les Aouliya dans le domaine des Perfections Divines et qui les rassemble […] » Fin de citation.

Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) avait révélé également par rapport à sa station, comme le lui avait indiqué le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) : « Les Pôles sont par rapport à moi ce que le commun des gens est par rapport aux Pôles ».

Il est ainsi tout en haut de l’échelle de la sainteté et n’a au-dessus de lui que les prophètes et les compagnons de notre généreux Prophète Mohammed (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Il est le Pôle caché qui sera dévoilé à tous les saints au jour du Jugement Dernier par une voix qui clamera : « ô Gens du rassemblement ! Voici votre guide par lequel vous étiez irrigués depuis le début de la création jusqu’à maintenant ».

Il a expliqué aussi en ces termes le rôle du Pôle caché : « Tout saint ne boit et n’est abreuvé que de notre océan depuis la création jusqu’au jour où l’on soufflera dans la Trompe du Jugement dernier ».

Il a dit également (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Tous les flux qui émanent du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) sont recueillis par les essences des prophètes et tout ce qui émane et surgit de leurs essences sont recueillies par mon essence et de moi cela se départage sur l’ensemble des créatures depuis le commencement du monde jusqu’au jour où on soufflera sur la Trompe du Jour Dernier, et j’ai des sciences par lesquelles j’ai été particularisé entre le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et moi sans intermédiaire ».

Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit dans l’une de ses lettres : « Allah le Très Haut m’a octroyé, par Sa seule Grâce et Bonté, et sans aucun mérite devant Lui -qu’Il soit Glorifié-, ce qu’Il n’a attribué à aucun des autres Chouyoukh, ni à quiconque après nous. Il a décrété cela dans la Préexistence, à Lui la louange et la profusion de gratitude : « Et Allah accorde Ses bienfaits à qui Il veut sans compter. » (Sourate 02 La vache, verset 212) » »

Ces paroles ont été prononcées dans l’intention de permettre au disciple de comprendre l’importance et la valeur des grâces qu’Allah a fournies au détenteur de ce degré spirituel jamais atteint par aucun saint, et ainsi d’être reconnaissant envers Allah.

Allah a dit : « […] et quant aux bienfaits de ton Seigneur raconte-les ».

C’est à ce même titre que le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) avait dit : « J’étais déjà prophète alors qu’Adam était entre l’eau et l’argile ».

Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) avait dit aussi : « Je serai le premier à être ressuscité le jour de la résurrection. Je serai l’orateur lorsque les ressuscités seront rassemblés et l’annonciateur de la bonne nouvelle lorsqu’ils auront perdu espoir. Je détiens la bannière de la louange de Dieu, sans prétention. Je serai le premier à demander et à obtenir l’intercession. Je serai le premier à frapper à la porte du Paradis et à être autorisé à y entrer et j’entrerai avec les croyants pauvres. Je suis le plus méritant parmi tous les enfants d’Adam auprès de mon Seigneur, sans prétention ».

Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) avait dit : « Mes deux pieds que voici sont sur la nuque de chaque Wali ».

Son éminent compagnon Sidi Mohamed el Ghali (qu’Allah l’agrée) lui fit remarquer que Sidi Abdelqader Djilani (qu’Allah l’agrée) avait dit une parole presque similaire. Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui répondit : « Il avait parfaitement raison, mais il faisait allusion aux aouliya de son époque, quant à moi je dis que mes deux pieds que voici n’ont jamais cessé d’être sur la nuque de chaque Wali ».

Au sujet du rôle et du degré de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), Sidi Mohamed el Ghali a dit (qu’Allah l’agrée) : « C’est par son intermédiaire que tous les saints, sans en avoir conscience, reçoivent l’influx des prophètes ».